Page précedente

( Suite )

Chapitre VI : la naissance du Sabre :


E) SHIAGETOGI : finition du polissage

Dans ce stade final , le polisseur utilise du matériel abrasif plus fin que précédemment . Les pierres ici ressemblent à de minces feuilles de papier translucide . Il les maintient avec son pouce et les remuent sur la lame , celle -ci étant calée . Les fins détails du HAMON et de l'acier sont maintenant apparents , cela comprend les UTSURI , NIE et NIOI . La somme de ces éléments définit la personnalité de la lame et démontre le professionnalisme et la parfaite maîtrise de l'artisan forgeron . Un piètre polissage aboutira à des caractéristiques floues au lieu de souligner l'efficience de ces éléments importants du métal et de l'excellence du travail du KAJI .
Pour cela , il utilise les matériaux suivants :

- HAZUYA : Ce sont de petites pièces minces issues de l' UCHIGOMORI , qui sont déplacées sur la lame . Ces pierres sont meulées de telle sorte qu'elles aient une épaisseur constante puis elles sont polies sur une pierre fine pour qu'elles soient lisses .
Cela permet également de voir le comportement abrasif de ces portions de pierre au cours de cette préparation .
Le TOGISHI applique sur une face de cette plaquette de la laque nommée URUSHI, puis appose une couche de papier poreux type YOSHINO GAMI , sur la surface laquée et applique à nouveau de la laque .
Ce papier avait été précédemment enduit de tannin de kaki qui a pour effet de le durcir et lui permet de solidifier la plaquette d'UCHIGOMORI en l'empêchant de craquer durant le polissage .
Quand la laque est sèche , un meulage rapide est effectué et le TOGISHI la découpe aux ciseaux en petits carrés .
Avant de démarrer avec son carré de pierre , le polisseur vérifie une dernière fois son lissage puis enduit de pâte lubrifiante , " TOJIRU ", deux carrés en même temps et les frotte . Il appose ensuite de la pâte et de l'eau sur la zone à polir . Pour conserver une alcalinité à l'eau on y ajoute du carbonate de sodium , cela afin d'empêcher la lame de rouiller . Celle-ci est tenue droite avec la main gauche , puis en maintenant le mince carré de pierre entre son pouce et ses quatre autres doigts repliés en un poing pour renforcer ce maintien , le polisseur bouge l' HAZUYA le long de la lame avec un mouvement de va-et-vient , polissant chaque portion à la fois, depuis le SHINOGI vers le HASAKI et toujours en remontant longitudinalement depuis le NAKAGO jusqu'à la pointe . Celle-ci est toujours délaissée à ce stade .
HAZUYA enlève à nouveau les traces laissées par UCHIGOMORI et la lame révèle ses zones blanchâtres et nuageuses . Toutes les marques et les taches présentes dans le HAMON et l'acier ont dorénavant totalement disparu . La surface de la lame est lisse et uniforme . Si les phases précédentes du polissage ont été parfaitement réalisées , ce stade peut s'avérer très bref ( cf illustration polissage Hazuya 1 et effets 2 ).

- JIZUYA : La pierre JIZUYA , d'un brun-jaune-orangé est utilisée identiquement à HAZUYA . On l'obtient en ciselant des paillettes dans une pierre NARUTAKIDO , assez semblable à UCHIGOMORI tout en étant un peu plus dure et un peu plus fine . La préparation est la même cependant que pour HAZUYA : meulage , laquage et YOSHINO GAMI . La variation de dureté des pierres est très importante dans ce stade du polissage . En fonction de la lame , 3 ou 4 sortes de pierres sont souvent nécessaires pour parfaire l'opération ( cf illlustration sur les effets de différentes pierres 2 ) . Pour polir avec une de ces pierres , le TOGISHI la craquèle sur son support en papier durci , par pliages successifs dans les deux sens , ce fractionnement permet ainsi à la pierre de bien suivre toutes les surfaces de la lame éprouvées à son passage .
Ce stade affine les contrastes , les clairs-obscurs de la lame et révèle la plénitude du JIHADA . L'importance du choix des pierres JIZUYA est primordial car il définit les couleurs finales , textures et détails de l'acier . (cf illustration craquelage Jizuya 3 et. cf illustration jizuya sur le ji 4 ) .
L' illustration 5 montre les effets des pierres HAZUYA et JIZUYA sur une lame .

NB: Le processus consistant à enduire de papier et de laque les morceaux de pierre n'est pas employé dans l'école de polissage HON'AMI , qui préfère l 'utilisation de pierres très fines et de ce fait particulièrement translucides .

- NUGUI : C'est le dernier stade du polissage de surface sur la lame du sabre . Le NUGUI est une préparation composée de particules d'oxyde de fer en suspension dans de l'huile végétale . Ces particules de fer sont récupérées lors de la forge . Quand la lame est chauffée au rouge , des pellicules d'oxyde de fer se forment à sa surface et se décollent sous forme de flocons quand cette zone est martelée . Elles sont récupérées et réduites en une poudre nommée KANAHADA.
Certains polisseurs fabriquent leur propre KANAHADA , sinon elle est également commercialisée . Pour obtenir le NUGUI , on mélange une pincée de KANAHADA avec de l'huile , en général , de clou de girofle , parfaitement neutre , puis on filtre l'ensemble au travers plusieurs couches de YOSHINO GAMI , de façon à retenir le maximum de particules d'oxyde de fer qui pourraient causer des dégâts sur la lame . Une petite quantité de NUGUI filtré est ensuite placé sur la lame avec un tissu en coton ou flanelle sur chaque petite portion de lame , l'une après l'autre , méthodiquement et quelquefois plusieurs fois, en fonction de l'effet voulu par le polisseur , toujours en omettant la pointe .
Le principal effet du NUGUI est cosmétique : Il obscurcit l'acier et illumine les effets clairs et brillants présents sur la lame . Trop de NUGUI rendrait le métal noirâtre . Dans le passé , certains polisseurs douteux , obscurcirent volontairement
l'acier de cette façon et à l'aide de produits chimiques tels que le mercure ajoutés dans la suspension firent ressortir les éléments plus clairs afin de rendre les lames plus attractives ( cf illustration 6 ).

- HADORI : Suivant les lames , un contraste plus ou moins fort existe entre le HA," la partie durcie " , et les flancs ou JI . L'importance de ce contraste , plus ou moins visible dépend du polissage et de la nature de l'épée . Du fait de la mode actuelle , demandant un HAMON " fort ",les polisseurs optent souvent pour ce stade supplémentaire appelé HADORI , dans le but de produire un blanchiment du HAMON .
La pierre utilisée à ce stade est de nouveau une HAZUYA , cette fois découpée en ovale qui élimine les angles qui peuvent accrocher la lame et l'érafler , et de plus cette forme permet de suivre plus facilement le tracé aléatoire du HAMON au plus près . Démarrant au près du NAKAGO , il étale de la pâte TOJIRU et appliquant un petit mouvement d'avant-en-arrière en suivant le profil du HAMON le long du HABUCHI .
Cette pierre HAZUYA est plus grossière que JIZUYA ou NUGUI . Ces éraflures sur la lame apparaissent par conséquent larges et blanchissent la lame . Le " dur " HAMON blanchit légèrement sous l'effet de cette pierre ; l'opération est délicate et minutieuse et demande près de deux jours au polisseur . Comment le tracé du HADORI suit précisément le HAMON,cela dépend de la qualité du polisseur et de son désir du résultat voulu .
Si par exemple le motif du HAMON comprend des petites ondulations comme CHOJI ou GUNOME , le TOGISHI suit une ondulation unique regroupant les sommets des tracés inférieurs , par contre si le HAMON est une ligne droite SUGUHA ou à fortes ondulations bien marquées , le polisseur suit le tracé exact . (cf illustration 7 et 7b ) .
La "mode" impose donc souvent un blanchiment du HAMON . Malheureusement , ce type d'action a pour effet de dissimuler d'autres aspects présents sur le HABUCHI.
Dans les lames de type SOSHU ce procédé améliore bien l'aspect de l'épée . Par contre dans le cas de lames avec un HABUCHI déjà clair , cette étape est inutile.
Certains amateurs , plus intéressé par le coté artisanal et ouvragés du sabre préfèrent que ce stade soit omis , livrant l'objet dans sa structure originelle et conceptuelle .
En général , dans ce cas , à la place , les polisseurs choisissent de bonifier au mieux les principaux détails structurels et visibles du sabre . Cette phase se nomme SASHIKOMI et requiert un NUGUI différent du précédent . Ce NUGUI est une suspension de fins minéraux , tels TSUSHIMA (pierre calcaire), minerai de fer ou KUJAKU ( magnétite ) toujours dans de l'huile de clou de girofle .
Cette opération noircit sélectivement le JI mais pas le HAMON qui demeure intact déclinant tous ses artifices.

L' illustration 8 montre les effets des derniers stades ( NUGUI et HADORI ) du SHIAGETOGI sur la lame .

A suivre......

Page suivante

NIPPON TOKEN - Accueil NIPPON TOKEN - Introduction NIPPON TOKEN - Galerie1 NIPPON TOKEN - Galerie2 NIPPON TOKEN - Liens NIPPON TOKEN - Contact
hazuya
effets de jizuya
hazuya
craquelage jizuya
effets jizuya diverses
nugui
hadori effets
effets nugui et hadori
polissage hadori

 

 

 

 

 

Chapitre 6 : Naissance du Sabre